De la chimie de la lave à la structure des réservoirs magmatiques en Islande
Jeudi 03 octobre 2024
Le mot du Président
De longue date, l'étude scientifique des hautes altitudes figure en bonne place parmi les préoccupations des dirigeants du Club alpin français comme de ses adhérents. Lors de la rédaction des statuts, adoptés le 2 avril 1874, cet intérêt était unanimement partagé par les membres fondateurs fixant comme but premier à l'association naissante : « de faciliter et de propager la connaissance exacte des montagnes de la France et des pays limitrophes ». En ce début de XXIe siècle, la transformation du CAF en Fédération Française des Clubs Alpins et de Montagne (FFCAM) en 2005, lui confère une audience internationale et une responsabilité essentielle comme interlocuteur privilégié des pouvoirs publics et de l'ensemble des acteurs des hautes terres pour toutes les questions portant sur le tourisme et les loisirs de montagne. Avec les effets du changement climatique, les montagnes se trouvent en première ligne face à l'accélération du réchauffement des températures plus rapide qu'en plaine. Au moment de l'anniversaire des 150 ans de sa fondation, les enjeux paraissent immenses et les défis à relever considérables. Les prévisions des rapports du GIEC montrent, en effet, que les incidences des phénomènes météorologiques vont s'amplifier avec des intensités plus marquées et des variations de leur amplitude accentuée tout en se manifestant de manière plus aléatoires. Les adeptes des loisirs de montagne, amateurs comme professionnels, ont déjà pu constater par eux-mêmes les transformations de leurs terrains d'exercices privilégiés. La remontée rapide de l'isotherme, y compris en période hivernale, provoque des pluies en haute altitude qui vitrifient en quelques instants les couches superficielles, exigeant un niveau de maitrise technique supérieur. Le niveau d'exposition aux risques des itinéraires classiques s'en voit brusquement modifié. La fonte des glaciers est déjà criante et l'effondrement de pans entiers de certaines parois rocheuses, fragilisées par les modifications du pergélisol, a rayé des cartes de nombreuses voies d'ascension réputées. L'alternance traditionnelle des périodes les plus favorables aux activités de montagne se trouve bouleversée avec une modification des pratiques inscrites jusqu'à présent dans une saisonnalité coutumière. De leur côté, les stations de sports d'hiver sont désormais soumises chaque année aux incertitudes croissantes des niveaux d'enneigement durant les périodes touristiques et aux variations brutales des températures. Elles vont être contraintes de s'engager dans une transition rapide du fait de la tendance avérée à la diminution des cumuls annuels que la fabrication de la neige artificielle ne pourra compenser. D'autant que la ressource en eau se raréfie obligeant à prioriser ses usages afin de garantir l'approvisionnement des populations locales en eau potable. Ces conditions nouvelles modifient considérablement le mythe de « l'or blanc » hérité des politiques aménagistes des années 1960. Elles remettent en question le modèle économique bien rodé du « tout ski » en obligeant les principaux acteurs à imaginer d'autres voies de développement.Ces mutations suscitent de nombreuses interrogations sur la nature de ces processus et sur leurs conséquences en terme d'acceptabilité sociale. Le public comme les acteurs en présence sollicitent les scientifiques pour les aider à comprendre ces évolutions et à élaborer des stratégies d'adaptation durables afin de préserver de ces écosystèmes naturels vulnérables. Le large éventail des champs scientifiques réunis au sein du Comité scientifique, tant pour les sciences expérimentales que pour les sciences humaines et sociales constitue une ressource précieuse dans cette période de grande incertitude générant une éco-anxiété croissante dans certaines franges de la population. Cette richesse gagnerait sans aucun doute à être mieux identifiée et davantage mobilisée au service des adhérents de la FFCAM comme de ses dirigeants. C'est dans cette perspective que je souhaite inscrire mon action en tant que président du Comité scientifique avec le soutien de ses membres. Il s'agira notamment de veiller à la diversité des champs disciplinaires représentés tout en préparant la transmission du témoin d'une génération à l'autre pour assurer la pérennité du Comité scientifique dans cette période cruciale pour l'avenir des territoires de montagne.
Le Président du Comité Scientifique de la FFCAM
Olivier HOIBIAN
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