Les Actus du Comité Scientifique

Hommage à Serge Coupé

Le 15 Avril dernier Serge Coupé, discrètement, s'en est allé. Les nombreuses biographies qui lui sont consacrées mettent en exergue son palmarès d'alpiniste, ses qualités humaines, l'intensité de son rapport à la montagne.

Pour sa part, le Comité Scientifique a été sensible à moment et un aspect particulier. Celui où Serge Coupé, membre de l'expédition de 1955 au Makalu, à son insu, anticipe la transition qui d'un Himalayisme héroïque, conduit à la performance fondée sur l'adéquation entre le collectif et l'individuel, entre performance et maitrise technique.

Pour mémoire.

L'Annapurna constitue une indéniable réussite, mais l'unicité du "fait" requiert la répétition pour passer du circonstanciel à la consécration d'un l'alpinisme appelé à figurer dans le peloton de tête. Dans ce contexte, les expéditions de 1954 et 55 au Makalu constituent un enjeu particulièrement stratégique, les instances de la FFM comme du CAF en sont conscientes.

Le professeur P. Fallot, alors président de la Commission Scientifique du CAF, entend relancer les activités de la Commission. Pour ce faire, il propose, entre autres, l'adjonction d'un échelon scientifique au sein des expéditions françaises en Himalaya. En dépit de quelques réticences, il emporte la décision, ce sera le Makalu en 1954 et 55.

La réussite du Makalu en 1955 répond aux attentes de ses protagonistes. L'ensemble des cordées, en trois vagues successives, atteint le sommet. La démonstration est exemplaire. Les scientifiques, pour leur part, impulsent un courant de recherches sur la géologie et la géomorphologie de l'Himalaya qui est appelé à faire date.

En dépit de problèmes d'acclimatement, Serge Coupé a assuré sa tâche, qu'il s'agisse de portages ou d'accéder au sommet. Dans le droit fil de sa conduite de vie il a, sans failles, assuré le job...mais sans jamais aliéner sa liberté.

L'Himalaya s'inscrit comme une parenthèse dans son cursus d'alpiniste. Si, par ailleurs, le travail social mobilise une bonne part de son temps avec ses exigences et ses perspectives, l'attrait des montagnes et de l'escalade, reste entier. A la suite du Makalu, il effectue une bonne moisson de "premières" dans le Vercors, la Chartreuse, les Écrins, dont le pilier Coupé-Girod (1957, Face Nord de l'Ailefroide Occidentale).

Dans un souci de partage, il publie entre 1963 et 2000 une dizaine d'ouvrages où il exprime la diversité de son rapport à la montagne, la découverte d'une voie, l'explosion du regard arrivé au sommet, le sublime d'un paysage...

Les lacs et le reflet des montagnes le fascinent et sont pour lui l'expression d'une harmonie entre l'homme et la nature qu'il importe de transmettre et préserver.

De façon indirecte, avec la discrétion qui le caractérise, Serge Coupé a été un "contributeur" dans un moment déterminant pour le devenir de l'éthique de l'alpinisme et des rapports privilégiés entre science et montagne.

En Décembre 2019, l'Unesco inscrit l'alpinisme au titre du patrimoine immatériel de l'humanité.
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Serge Coupé fait partie de notre histoire et sa disparition nous touche à plus d'un titre.

Le Comité Scientifique de la FFCAM.




Actu proposée par Jacques MALBOS

Mise en ligne le lundi 04 mai 2020 à 09:35:13

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